Nos diplômes influencent largement notre sexualité. 

Il y a un mois, j’écrivais ce post : “ Plus vous gagnez de l’argent, plus la sexualité aura une place centrale dans votre vie.”

Il semblerait, qu’au-delà de l’argent, il existe un lien de corrélation entre le diplôme et l’importance accordée à la vie sexuelle. 

​​📌 Ce que nous dit l’étude*

66 % des BAC +5 et plus et 69 % des BAC +3 ou 4 considèrent que les relations sexuelles sont importantes contre 55 % des BAC + 1 ou 2. 

​​📌 Autre donnée à mettre en parallèle **

16,9 % des femmes âgées entre 35 et 49 ans, sans diplôme, déclarent qu’il leur arrive souvent d’avoir des rapports sexuels sans en avoir envie, contre 7,4% des femmes ayant un diplôme supérieur à un Bac + 2.

En clair, comme nous le dit l’étude : “ […] plus diplômées, plus autonomes financièrement, les femmes disposeraient ainsi de capitaux sociaux pour négocier ce qui se joue dans les rapports sexuels”.

​​📌 Les premières conclusions 

Elles sont nombreuses, car on pourrait penser qu’il n’existe pas de corrélation entre le niveau d’études et la sexualité, alors que ces deux études, prises indépendamment, nous démontrent que oui.

Je me suis permise de mettre des tendances qui étaient sorties, lors du dernier post. 

👉 Pour les femmes diplômées : avoir un bagage académique de niveau supérieur, leur permet d’avoir plus de pouvoir, et donc de se sentir plus libre de refuser un acte sexuel, car elles ne se sentent plus “redevables” de leur mari.

👉 Un niveau de diplôme élevé peut sous-entendre une rémunération élevée et donc, la possibilité d’acheter du temps comme faire appel à un moyen de garde pour les enfants, mais aussi avoir accès à des services qui facilitent la vie familiale (système de livraison de repas, ménage).

👉 Un niveau de diplôme élevé peut sous-entendre également un travail moins pénible. Or, on le sait, la pénibilité induite sur le travail, que ce soit les horaires en décalé, la distance, le stress financier, ne peuvent qu’influencer négativement le désir. 

​​📌 Et vous ? Voyez-vous d’autres hypothèses ?

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Sources :

* Étude Cluster17 : : Réalisée en Mai 2023 par Cluster17 pour Le Point sur un échantillon de 1 662 personnes.

L’échantillon est réalisé selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, du type de communes et des régions de résidence.

** Étude enquête sur la sexualité en France : Chapitre « Accords et désaccords : variations autour du désir », Nathalie Bajos et Michel Bozon. Enquête sur la sexualité en France. Pratiques, genre et santé. La Découverte, 2008. Étude réalisée sur une population de 12 000 personnes.

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Connaissez-vous la dette sexuelle ?💰

(Ou quand une notion monétaire rencontre la sexualité… et ce n’est pas glorieux.)

📌 Je m’explique : 

La dette sexuelle est le fait de se sentir redevable d’une quelconque activité sexuelle sous prétexte d’avoir reçu un service ou un cadeau.

Il ne se passe pas une semaine sans que je n’y sois pas confrontée en consultation.

Généralement, il s’agit d’un phénomène intériorisé dont la plupart des personnes n’ont pas conscience. 

Le sentiment de dette sexuelle arrive à n’importe quel moment de la relation, que ce soit le premier rendez-vous ou que l’on soit en couple depuis des années. 

📌 À l’origine, qu’y a-t-il ? 

Trois mots : script érotique et hétéronormativité 

👉 Le script érotique : 

Au cours de notre jeunesse (et de notre vie en général), nous sommes toutes et tous exposé·e·s à des scripts érotiques où, dans les couples hétérosexuels, l’homme va être acteur et la femme, passive. 

Oui, vous avez bien lu, on a toutes et tous en tête un film / une série / un dessin animée où l’homme va sauver une jeune fille en détresse et en récompense il aura…un baiser.

Léa Séguin, Doctorante de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) en sexologie. précisait même : 

« Il y a derrière ça l’idée que si tu acceptes un cadeau, tu devrais en redonner un, et surtout, que la sexualité est une chose, une ressource qu’on donne, qu’on perd, qu’on se fait prendre, plutôt qu’une activité faite pour le plaisir de toutes les parties prenantes. Comme si c’était un échange économique. 

C’est une vision très problématique de la sexualité ».

👉 L’ hétéronormativité : 

Comme le précise l’article*, “la sexualité masculine serait alors caractérisée par l’assertivité et la performance, tandis que la sexualité féminine serait liée à l’affectivité et à la conjugalité.”

Pour rebondir, Mona Chollet écrivait en 2021 dans son essai* : 

« Dans une relation hétérosexuelle, l’accent est mis sur le fantasme et les désirs des hommes, sur leur point de vue, tandis que les femmes sont censées correspondre à cette projection et satisfaire leurs attentes »

📌 Que faire ?

– Identifier son script érotique.

– Apprendre à dissocier ce que provient du désir réel que de l’intériorisé. 

– Savoir répondre à la question “de quoi j’ai envie ?”.

– Se demander : “S’il / elle n’avait pas fait ceci, est-ce que j’agirai différemment ?”.

– Être en véritable connexion avec son corps pour identifier ce qui vous plait réellement. 

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Sources :

– “Dette sexuelle : on ne doit sexe à personne”, URBANIA MEDIA, Janvier 2022. 

– “Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles”, Mona Chollet, 2021. 

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L’érotisme à l’horizon de la sexualité

Slogan de notre école, que signifie-t-il réellement ?


Vaste question à laquelle nous allons tenter de répondre au travers cet essai. Cependant, il convient, comme chaque question complexe appelle à des interprétations libres, de définir les termes du sujet.

La sexualité, au sens de l’Institut, se définit comme étant le processus de procréation, nous pouvons même parler à ce titre de génitalité. En quelques mots, ce sont l’ensemble des actions menées ayant pour finalité la création d’un nouvel individu.
L’érotisme quant à lui est composé du mot grec « éros », le désir amoureux, et du suffixe “- isme” qui désigne le mouvement. C’est en quelque sorte une intellectualisation de la sexualité, qui va au-delà de l’aspect génital et procréatif, nous sommes sur une quête du plaisir.

L’horizon se définit comme une ligne imaginaire circulaire dont l’observateur est le centre et où le ciel et la terre semblent se confondre.
L’horizon produit ce phénomène particulier où la limite entre le ciel et la terre n’existe plus, ou du moins à l’œil nu, elle devient indicible, insaisissable. Ces forces à la fois contraires et attirées l’une par l’autre, nous les retrouvons dans toutes les cultures, comme dans la Bible qui débute ainsi: “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre” mais également dans la cosmogonie andine, avec la Pachamama (Terre-Mère), qui est la Déesse-Terre étroitement liée à la fertilité ou dans la philosophie chinoise, le Yin et le Yang mais aussi au sein de la psychanalytique jungienne où l’on retrouve l’anima et l’animus.

L’ensemble des ces notions précédemment évoquées font bien évidemment toutes référence à cette opposition entre le masculin et le féminin.

L’horizon peut également être une métaphore sexuelle. En effet, cet instant, où l’on ne distingue plus le ciel de la la mer appelle en nous ce moment particulier où le corps d’une femme et d’une homme ne font qu’un. D’ailleurs, Aristote désignait l’horizon comme étant « la ligne circulaire où la terre semble rejoindre le ciel ». L’allégorie est donc parfaite.

De fait, pourquoi l’érotisme est-il à l’horizon de la sexualité ?

La réponse nous vient naturellement, puisque pendant de nombreuses années la jouissance fut confondue avec l’orgasme. Ce n’est que récemment, depuis les 70, que cette distinction s’est opérée, permettant ainsi de nous distinguer de l’animal. La question du plaisir n’intervenait pas et encore aujourd’hui, lorsqu’on s’intéresse à la façon dont est dépeint la sexualité, celle- ci n’est encore que trop punitive. Les premiers mots que l’on entend en “début de carrière”, à l’aube de cette sexualité sont : “Tu risques de tomber enceinte” / “Attention aux IST”. Jamais il n’est question de plaisir, de consentement, ni d’écoute, qui sont, selon mon humble point de vue, les fondamentaux de l’érotisme.

Choisir comme slogan l’érotisme à l’horizon de la sexualité, c’est affirmer que l’un ne va pas sans l’autre, que, comme le ciel et la mer qui ne font qu’un, la “sexualité” va l’amble avec l’érotisme.

En d’autres termes, en tant que futur sexologue, vouloir considérer la “sexualité” dans son entierté c’est l’approcher de façon holistique, en incluant la dimension érotique. Par exemple, lorsque les organes génitaux ne peuvent plus exercer leur fonction primaire pour diverses raisons, cette fonction érotique permet aux couples de se réinventer. Aussi, au quotidien, cela donne la possibilité aux couples qui consultent, de porter un autre regard sur leur vie érotique, moins dans la performance et plus dans l’émotion.

Photo by Cindy Malette from Burst