La sexualité commence en dehors de la chambre à coucher

On pense souvent que la sexualité obéit à des règles qui ne lui appartiennent qu’à elles, qu’elle n’est pas sous l’influence de nos émotions, et qu’à partir du moment où nous “décidons avoir un rapport”, celle-ci devrait obéir à cette injonction.

Il n’en est rien.

Quand les couples viennent me consulter pour une baisse de désir, ils s’attendent parfois à ce que je creuse tout de suite sous l’angle du trauma (ce que je fais, mais pas de suite), que je dise à la personne qui a le moins de désir “c’est mal, motivez-vous”, que je vienne leur fournir une recette mira-cul-euse.

Il n’en est rien.

Au contraire.

Je m’interroge sur le temps qu’ils passent ensemble, sur la place de la séduction.
Je leur demande de me décrire précisément leurs semaines et, telle une Agatha Christie du désir, je traque ces moments où l’amour s’efface.

Car oui, la sexualité commence bien avant la chambre à coucher.

Elle se glisse dans un baiser volé.
Dans une main qui effleure.
Dans un regard échangé plutôt qu’une soirée absorbée par Netflix.
Dans ces mots doux qu’on glisse dans une poche.
Dans ceux qu’on prononce chaque jour et qui disent : “Je te choisis, toi.”

👉 Et vous, aviez-vous déjà considéré la sexualité sous cet angle ?

Comment concrètement parler de sexualité avec son/sa partenaire ?


« Il faut parler de sexualité avec votre partenaire » disent les sexologues (dont je fais partie)

Oui mais comment ?

Hier, après avoir publié mon post sur le contrat érotique, une personne m’a justement fait ce commentaire.

📌 Quelques prérequis à avoir en tête :

– Ne faites pas cela juste à la sortie d’un moment intime, cela évitera de donner l’impression à votre partenaire que quelque-chose s’est mal passé. Si vous devez choisir un moment pour parler de sexualité, faites le, si possible, loin d’un moment sexuel.
– Prévoyez un moment au calme, pas dans un lieu public.
– Ce n’est pas le moment de faire des reproches, l’idée ici est de créer un espace de discussion ouvert et libre.
– Ne faites pas ça en pleine crise/ tempête : les mots risquent de dépasser votre pensée.
– Ne coupez jamais la parole.
– Posez des questions ouvertes.

📌 Comment aborder la question :

1. « Dis moi, je me dis que ça fait longtemps que l’on n’a pas parlé de notre intimité / de nous / de notre sexualité – que dirais-tu qu’on en discute maintenant / ce soir ?. Je te rassure, rien de grave au contraire, mais je me dis que ce sujet mérite qu’on en parle en dehors des moments intimes « 

2. « Cela fait longtemps que nous n’avons pas parlé de nous, ça te dirait qu’on fasse un point sur notre sexualité, nos envies ? »

3. « J’aimerai beaucoup qu’on se prévoit un moment de partage sur notre couple, où on parlerait de sexualité, entre autre. Quand serais tu disponible pour qu’on prenne ce temps ? »

Bonus :
« Je lis les publications d’une (super 😎) sexologue sur les réseaux, et elle conseille d’aborder au moins une fois par trimestre la question de la sexualité dans son couple, et si on se prévoyait ça? ».

📌 Quoi aborder ?

1. Que penses-tu de notre intimité ?
2. Comment te sens-tu dans ton corps et dans ta tête en ce moment ?
3. Quelles sont les pratiques qui te procurent le plus de plaisir ?
4. Et au contraire, celles qui ne te procurent pas de plaisir
5. Si tu pouvais changer quelque chose, qu’est ce que ce serait ?
6. Si je pouvais changer quelque chose, qu’est-ce que je pourrai faire de différent ?
7. As-tu des choses que tu souhaiterais me dire et que tu n’oses pas ?
8. Quelles sont tes envies ?
9. Qu’est ce qui pourrait te donner envie en sexualité (pratique / univers / jouet / support )
10. Jusqu’à notre prochain point, qu’est ce qu’on peut se souhaiter ?

(Liste non exhaustive)

📌 Et après ?
– Pour la team organisée : Mettre en place un date trimestriel, « un sexo date », où vous reprendrez mes 10 questions et vous debriferiez des mois écoulés.
L’astuce : choisir votre date de rencontre comme repère.
– Pour la team spontanéité : Ayez en tête de de faire ces points au moins 2 fois par an

« Il est temps de réinventer le contrat. »


C’est ce que je dis à 90 % des couples que j’accompagne quand ils viennent consulter pour une baisse de désir.

On croit que la sexualité est spontanée, naturelle, libérée. Mais en réalité, comme tout le reste, elle suit des codes : ce qu’on appelle les scripts érotiques (je reviendrai dessus dans un autre post).

📌 Le contrat sexuel, c’est quoi ?

Sans même s’en rendre compte, chaque couple établit un « contrat » en début de relation :

👉 La fréquence des rapports
👉 Les pratiques qu’on adopte (ou qu’on évite)
👉 Les mots qu’on s’autorise à dire
👉 Les lieux où l’on fait l’amour
👉 Les scénarios qui se répètent

C’est inconscient.

Mais au fil du temps, ce contrat devient une routine.

Et c’est là que ça coince.

Parce que nous, on évolue, mais lui, non.

📌 Comment réinventer son contrat sexuel ?

1️⃣ Prendre conscience du contrat existant

Faites le point sur vos habitudes : quels sont les non-dits, les interdits tacites, les répétitions ?

2️⃣ Identifier ce qui a changé

Vos envies ne sont plus les mêmes qu’au début : lesquelles ont émergé ? Lesquelles se sont effacées ?

3️⃣ Exprimer sans pression

Parlez-en sans attente immédiate. Le but n’est pas d’imposer, mais d’explorer ensemble.

4️⃣ Créer un nouveau cadre

Réinventer un espace de désir où chacun se sent libre d’évoluer, d’expérimenter, sans peur du jugement.

👉 Et vous, avez-vous déjà revisité votre contrat sexuel ?

Si vous sentez que le dialogue est compliqué, je peux vous accompagner.

Parlons-en.

Plus de la moitié des patients des services psychiatriques ont vécu un (voire des) traumatisme(s) dans l’enfance*.


C’est ce qu’avance le psychiatre Bessel Van Der Kolk, dans son livre que je ne présente plus “le corps n’oublie rien”.

👇 Je m’explique 👇

📌 Une enfance chaotique, des conséquences catastrophiques

Ils ont été abandonnés, agressés, négligés, abusés, voire violés dans leur enfance ou témoins de violences familiales… et vivent, par la suite, avec ce stigmate d’être des, je cite “malades mentaux”.

Ce qu’il avance dans son livre, est bien évidemment appuyée par plusieurs études et vient rejoindre une autre étude : l’étude ACE.

Celle-ci montre que les expériences traumatisantes durant l’enfance (abus, négligence, instabilité familiale) augmentent le risque de problèmes de santé physique et mentale à l’âge adulte.

Elle met en évidence une corrélation entre le nombre d’expériences négatives et des issues comme les maladies chroniques, la dépression ou les comportements à risque.

On peut se demander ici, qui sont les vrais malades ?

Eux ? Ou la société qui ne condamne pas leurs agresseur•ses ?

📌 Pourquoi je vous en parle ?

Car je reçois des personnes en consultation, avec des troubles psy divers et variés allant de la dépression, à la bipolarité et à chaque fois, ce qu’elles me décrivent est systématique :

On s’intéresse plus à l’expression de leur maux, qu’à leurs origines.

Il est temps de porter un autre regard sur ces maladies, et au lieu de les juger sèvèrement par le tribunal public, peut-être de les regarder comme un indice sur quelque chose qui se serait joué dans l’enfance.

Comme m’a dit une patiente, en citant Michel Audiard :

“Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière.” 🌟

👉 Et vous, accepteriez-vous de changer de regard sur ces maladies ?

____________

Sources :
– “Le corps n’oublie rien” Bessel van der kolk
– Baker et al, The Canadian Adverse Events Study: the incidence of adverse events among hospital patients in Canada. CMAJ. 2004 May 25;
– McFarlane AC, Bookless C, Air T. Posttraumatic stress disorder in a general psychiatric inpatient population. J Trauma Stress. 2001
– National trauma consortium

👋 Moi, c’est Margaux, je suis se×ologue, et je vous reçois à Boulogne-Billancourt ou en visio

Notre approche de la sexualité est une construction sociale.

Pour preuve cette statistique

Pour 75% des hommes, avoir des relations régulièrement est « important », contre 48% des femmes*.

Nous avons intériorisé l’idée malgré nous que les femmes “ont moins envie”, et que les hommes “ont plus de besoins”.

C’est faux.

Biologiquement, les hommes n’ont pas plus de besoin que les femmes.

Nous sommes faits pareil (sinon ça ferait longtemps que l’Humanité serait en péril).

Dans mes consultations pour des baisses de désir, je reçois, parmi les personnes hétérosexuelles, autant de femmes que d’hommes.

Sauf que…

On ne voit jamais d’hommes dans la pop culture se plaindre d’une baisse de désir.

Alors comment pourrait-on l’imaginer ?

Beaucoup d’hommes ressentent de la honte à me parler de leur baisse de désir en consultation (parfois même certains ne me regardent pas dans les yeux).

Un des plus gros stéréotypes en matière de sexualité : “les hommes aiment le sexe” (et les femmes les pâquerettes, mais ça, c’est un autre sujet).

Il n’appartient qu’à nous d’ouvrir des conversations, de parler de ce qui nous touche réellement et peut-être, un jour, ces biais disparaitront.

____________

Source :

Étude réalisée par Cluster17 pour Le Point auprès d’un échantillon de 1 662 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus en Mai 2023.

👋 Moi, c’est Margaux, je suis se×ologue, et je vous reçois à Boulogne-Billancourt ou en visio

Télétravail et libido : près des yeux, près du corps ?

Un immense merci à Welcome to the Jungle France et à Aurélie Cerffond pour notre échange autour de cette question éminemment complexe.

Car oui, il est prouvé que 72% des télétravailleurs déclarent faire plus l’amour avec leur conjoint en télétravail.

Quelle est la recette pour trouver le juste équilibre entre télé-travailleur·se et amant·e ?

C’est ce que je vous dévoile dans cet article 😉

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/teletravail-libido-pari-gagnant-gagnant

___________

👋 Moi, c’est Margaux, je suis se×ologue, et je vous reçois à Boulogne-Billancourt ou en visio

Et si on s’était trompé sur la libido ?

J’entends souvent en consultation, “ je n’ai plus de désir, je n’ai plus de libido “.

De quel désir parlons-nous ?

Je crois qu’il est temps d’avoir une approche plus analytique de la sexologie.

Aussi, avant d’écrire les prochaines lignes, je tiens à préciser que je fais une psychanalyse depuis de nombreuses années et que, clairement, ma pratique en est imprégnée.

👉 Finalement, qu’est-ce la libido ?

La libido, comme on l’entend en psychanalyse, c’est un élan de vie.

Amené à la sexualité, c’est l’envie d’aller vers l’autre, mais l’Autre avec un grand A.

Cet élan de vie se retrouve dans toutes les sphères :

– L’envie de passer du temps ensemble,
– L’envie d’écrire ce post avec ce sentiment d’urgence, 
– L’envie qui nous prend aux tripes lorsque nous sommes dans un processus créatif
– La sensation d’excitation ressentie au début d’un projet (vous avez vu, c’est le même mot)

La libido, c’est ça : c’est cette énergie qui nous prend aux tripes et qui nous transcende.

👉 Et si on faisait chuter  la sexualité de son piédestal ?

Très souvent en consultation, je demande aux personnes quelles sont leurs passions (si elles en ont), ce qui les anime dans la vie, ce qui les bouscule, ce qui fait leur combat.

Surprise : quand bien même, il n’y ait plus de libido (selon elles), cette envie est là.

Comme le précise Ovidie dans cet article pour Vogue “ Oui, car le désir se déporte ! En effet, je n’ai jamais été aussi productive depuis que je ne consacre plus de temps au sexe“

Au lieu de dire “je n’ai pas de désir”, il serait plus intéressant de dire “je ne ressens plus d’envie sexuelle”.

____________

Sources : 
– Ovidie : “Dès qu’une femme produit un discours, elle dérange”, par Sophie Rosemont, Vogue, 19 avril 2023
– « Je suis embarrassé par des désirs sexuels » ou les tourments de la sexualité – Podcast l’Inconscient, France Inter, 16 Avril 2023.

#désir#baissedelibido#envie

Victime de virilité : Quand l’absence de vie professionnelle a un impact sur le désir des hommes ❌ 

Les rôles sociaux et les stéréotypes ont une conséquence sur notre santé non négligeable. 

Je parle très souvent des femmes, mais aujourd’hui parfois la pression sociale sur les hommes est telle que les conséquences se font sentir jusque dans leur vie intime. 

📌 Là où la situation professionnelle n’influe pas sur l’activité sexuelle chez les femmes ; chez les hommes, la conséquence est établie de façon assez limpide : 

👉 Plus ils seront épanouis dans leur vie professionnelle et plus leur vie sexuelle le sera également.

👉 Statistiquement* : Ils sont 35% parmi ceux qui ne travaillent pas, à déclarer une absence de désir sexuel contre moins 18% pour ceux qui exercent une profession.  

👉 Concrètement, être au chômage quand on est un homme, a un impact non négligeable sur le désir. 

📌 Pourquoi ? 
La remise en cause de leur rôle social comme “chef de famille”, ayant pour “devoir de nourrir le foyer” va influencer la perception qu’ils ont d’eux-mêmes et leur vision de la virilité. 

Cette virilité ne pourra plus s’exprimer dans la sphère la plus intime qui soit : leur vie sexuelle. 

📌 Le lien avec l’argent et le couple hétérosexuel ?

Si l’absence de vie professionnelle est capable de diviser par deux l’absence de désir, qu’en est-il quand une femme va gagner plus qu’un homme avec la dimension symbolique de la castration ?  
____________

*Enquête sur la sexualité en France ; pratiques, genre et santé de l’édition 2008 – Étude réalisée sur une population de 12 000 personnes (une étude sort tous les 15 ans)